Le fondement n'est pas l'origine.
Origine et fondement sont tous deux des principes de ce qui existe. Ils rendent compte de ce qui est mais de deux façons bien différentes : la fonction de l'origine est d'expliquer, et celle du fondement de justifier.
Il faut se garder de prendre l'explication pour une justification : l'origine fort ancienne de lois sur l'esclavage ou sur l'inégalité entre hommes et femmes n'en fait pas des lois justes, bien fondées. On voit bien que la distinction entre origine et fondement n'est pas un simple problème théorique.
Il faut que le fondement soit hors du temps, car c'est une idée qui permet de corriger l'injustice des traditions dont les origines sont les plus anciennes, celles que l'on ose le moins remettre en question.
La question de l'origine appelle à une recherche historique sur les faits. La question du fondement demande souvent une discussion critique entre plusieurs types de fondements, de justification, qui s'opposent : il s'agit alors savoir discerner entre les fondements erronés, qui se révèlent injustifiables, et le fondement correct, le seul à offrir une justification légitime.
L'origine : c'est la provenance, elle explique par des causes la présence d'un être et ses caractéristiques, en reliant l'effet présent à sa cause dans le passé.
La question de l'origine de l'État
Ainsi on trouve l'origine de l'État dans les premières civilisations, comme l'Égypte ancienne : l'armée défend le territoire et les biens ; l'administration prélève, gère et redistribue le fruit du travail des producteurs ; au-dessus d'eux le pouvoir politique et religieux justifie l'ordre social par ses bienfaits pour tous.
L'origine n'est pas seulement un commencement, dépassé par le processus qu'il a initié. Car l'origine peut être une puissance de production d'effets, toujours présente et active dans ce qu'elle a commencé à produire, et qu'elle continue depuis de faire croître.
On trouve ainsi dans l'État la tendance originelle à former une structure de pouvoir efficace, ce qu'il fait de plus en plus dans l'histoire, en lien avec le pouvoir croissant de l'économie, des armes et du savoir.
Quand on revient à l'origine d'un processus, à sa cause, on peut agir sur lui :
Un tel jugement de valeur introduit la considération d'une légitimité, d'un fondement.
Fondement : le jugement sur ce qui est bon ou mauvais repose sur une justification, c'est-à-dire un fondement qui permet de soutenir ce qui est juste, et de dénoncer ce qui est injuste., sur ce qui est légitime ou illégitime, selon qu'il est ou non conforme au fondement du droit.
La métaphore du fondement est architecturale : c'est la base qu'il faut d'abord poser pour construire solidement un édifice. Sans fondement solide, l'édifice le plus imposant n'est pas soutenu et doit finalement s'effondrer.
Le fondement joue aussi vis-à-vis du fondé la même fonction que l'idéal vis-à-vis du réel (voir le repère conceptuel idéal / réel) : c'est un étalon de ce qui doit être, vers lequel il faut faire tendre ce qui est.
Question :
Quel peut être l'intérêt, comme le fait Rousseau, de rechercher l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ?
Le mémorial à l'esclavage "Cap 110", monument de Laurent Valère (1998), commune du Diamant, Martinique.
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